Venant d’horizons variés, douze personnes ont répondu à l’invitation de 3PCo pour un chantier participatif sur la technique terre-paille animé par une professionnelle du métier, Mary Jamin, maçonne, membre de la SCOP R.A.H. Inventerre, basée en Midi-Pyrénées.
5 jours bien intensifs avec un démarrage matinal en formation théorique sur les différentes techniques de construction en terre/paille, les prévisionnels ressources humaines, quantités matériaux, les bilans d’exécution, et puis surtout, l’action sur le chantier.
1ère étape : diagnostic du chantier
Surface mur à isoler : 36 m2. (Largeur : 7,92 m / Hauteur 4,64 m) / Mur en revêtement parpaing, exposé nord, sans fenêtres / Epaisseur d’isolation prévue : 12 cm (à savoir, il faut compter 30 cm pour un mur entièrement en terre-paille)
Rapidement, l’état des lieux se fait avec la formatrice Mary et les équipes se forment pour l’implantation du chantier en fonction des capacités de chacun. Au sein du groupe, on comptait des membres de l’association 3PCo et quelques proches, des membres de l’Atelier et des professionnels (maçon et charpentier). Tous animés par l’envie d’apprendre une technique d’écoconstruction et de mettre la main à la paille…
La paille et la terre, approvisionnées depuis la campagne du nord de Nantes, sont installées dans la cour pavée de l’Atelier, dans laquelle on s’attelle à installer l’espace de fabrication du ‘terre-paille’, tandis que d’autres luttent avec le démontage et réinstallation d’un échafaudage pro très technique…. Les plus matheux se concentrent sur les calculs de structures en bois pour ledit mur.
2eme étape : construire une structure en bois sur le mur à isoler.
Afin de poser la terre-paille en coffrage, il faut fixer au préalable une structure en bois avec des chevrons suffisamment réguliers et droits pour porter la matière isolante et obtenir un mur droit prêt à enduire.
3eme étape : Préparation du mélange terre-paille.
Dans une bétonnière, on mélange de la terre argileuse avec de l’eau, qu’on verse dans des grands bacs, dans lesquels on trempe la paille pour qu’elle s’imprègne de ce mélange appelé « barbotine ». Dans notre cas, plus intéressé par les qualités d'isolation du mélange que son inertie thermique, notre « babrbotine » sera faiblement chargée en terre. La paille enduite est ensuite entassée sur des palettes et on la laissera « ré-essuyer », c'est à diresuinter, jusqu'au lendemain avant de la mettre en oeuvre
4eme étape : Pose du Terre-paille
On insère la ‘terre-paille’ légèrement humide dans les coffrages et on tasse avec le poids du corps ou un bout de bois, jusqu’à arriver au sommet du coffrage, qui sera détaché délicatement pour remonter par niveaux jusqu’au sommet du mur. Le mur ainsi enduit devra maintenant sécher entre 2 à 3 mois, en fonction du climat ambiant, avant qu’on puisse poser un enduit de finition.
L’isolation terre-paille est une technique qui demande beaucoup de main d’œuvre. Fabrication et pose sont assez laborieuses, considérées comme ingrates par certains, mais c’est là où on va faire appel à la force du groupe, avec son potentiel d’émulation stimulante*.
Une superbe synergie s’est d'ailleurs créée dans notre groupe au fur et à mesure des jours et des expérimentations concrètes de travail sur le chantier. Il y a eu des véritables échanges de savoir-faire, des supers pauses gastronomiques et des vrais moments de partage. Chacun a apporté sa touche en créativité, en endurance physique, en talent culinaire et même en espièglerie… Le résultat fut un super concerto allegro qui vaut le détour en photos. (voir albums plus bas)
Une belle réussite de chantier participatif en écoconstruction, au final, qui répond entièrement à l’ambition de 3PCo.
* A paraître un ouvrage de référence sur l'expérience de la SCOP R.A.H Inventerre sur cette technique Alain Marcom, «Construire en terre-paille », Ed. Terre vivante. Disponible à partir d'octobre 2011.