RENOVATION ECOLOGIQUE D’UN LOGEMENT SOCIAL

UN PROJET A LA FOIS ECOLOGIQUE ET SOCIAL

D’un côté, il y avait un logement privé et vacant, situé à Loudun (86), entre Angers et Poitiers.
De l’autre, une jeune association de chantiers de formation en écoconstruction, qui expérimentait cette approche pour rénover des ouvrages à usage social.
De la rencontre des deux est né, en 2011, le projet de rénover et d’améliorer thermiquement cette maison, de façon écologique, en y organisant des chantiers de formation, pour qu’elle soit ensuite louée en « bail très social » à une famille disposant de faibles revenus.

Le programme des travaux comprend la redistribution des pièces intérieures afin que cette petite maison de ville propose de quoi accueillir confortablement une famille nombreuse (3-4 ch., 2 sdb, salon, cuisine, annexe, cour). Il comprend aussi l’amélioration de l’isolation des murs et de la toiture, et la mise en place d’un système de chauffage performant, afin que le confort thermique soit amélioré et la facture énergétique réduite.

RENOVATION PEDAGOGIQUE

Les travaux envisagés offrent une opportunité unique d’aborder de façon pédagogique la rénovation écologique d’un bâti ancien : isolation par l’intérieur et par l’extérieur, ouverture et isolation de la toiture, création de 3 nouvelles pièces à l’étage, installation d’un nouveau système de chauffage, finitions des sols et des murs.
Ce programme offre autant de temps de formation, animés par des professionnels du bâtiment sensibles aux enjeux écologiques et ouverts à toute personne souhaitant apprendre en pratiquant tout en participant à l’amélioration d’un bien à usage social.

Novateurs dans leur approche des échanges non-économiques entre propriétaire et ouvriers, ces chantiers participatifs de formation lient les participants, le formateur et le maître d’ouvrage dans un même souci de transmission des enjeux et techniques de la construction écologique, qui se matérialise dans la rénovation ainsi réalisée.
Ils sont complétés par des chantiers de bénévoles, pour finir les travaux qui n’ont pu être terminés durant les temps de formation, ainsi que par l’intervention d’artisans locaux pour réaliser des aménagements techniques spécifiques en maçonnerie, électricité et plomberie.

En trois ans, ce sont ainsi une quinzaine de chantiers qui auront été organisés, dont 6 formations professionnelles animées par des artisans-formateurs : construction et isolation en terre crue, isolation par l’extérieur en laine de bois, isolation de toiture en ouate de cellulose, chauffage par les murs, enduits terre et chaux, pose d’un plancher traditionnel. Une quarantaine de participants de tous horizons y ont déjà pris part, et nous en espérons encore pour les formations à venir.

ECONOMIE INNOVANTE

En faisant des ouvrages que nous rénovons le support pédagogique de chantiers participatifs, nous réduisons de plus de 50 % le coût de mise en oeuvre de techniques constructives particulièrement intensives en main d’œuvre, et donc souvent hors de portée économiquement pour la rénovation d’ouvrage à usage social. Nous limitons pour cela nos interventions à ce type d’ouvrage, afin de ne pas entrer en concurrence avec les professionnels du bâtiment.

A titre indicatif, les travaux de cloisonnement et d’isolation en terre crue réalisés sur la maison d’habitation de Loudun, en mobilisant 1800h de travail bénévole des stagiaires et se limitant à rémunérer un formateur professionnel, ont coûté le tiers de ce qu’aurait facturé une entreprise du bâtiment. Ces travaux ont en outre permis à une quinzaine de personnes de découvrir des techniques de construction en terre crue, ou progresser dans leur maîtrise, et ce de manière totalement gratuite pour celles et ceux qui ne bénéficient pas de financement au titre de la formation professionnelle continue.

L’originalité de ce modèle nous a permis, au début du projet, d’obtenir le soutien du Fond Social Européen, permettant de régler les frais de la première formation terre crue. Mais il constitue en même temps un obstacle pour obtenir le soutien de bailleurs conventionnels (banques, pouvoirs publics), ce qui nous a encouragé à rechercher des voies originales pour financer nos chantiers.
Ainsi, différentes personnes de nos réseaux personnels nous ont déjà apporté environ 23 000€ de prêts solidaires depuis 2012, qui ont permis de financer les travaux de distribution de pièces et d’isolation et seront remboursés dans le temps sur la mise en bail de la maison. De plus, nous avons lancé le 19 juin une campagne de financement solidaire sur la plate-forme des Petites Pierres pour pouvoir boucler le budget des travaux restants (enduits de finitions, sols, système de chauffage bois/solaire) estimé à 19 200€.
En associant ainsi les ressources du plus grand nombre à l’énergie des stagiaires et formateurs des chantiers, nous espérons parvenir à finaliser ce projet de rénovation, et ainsi boucler la modélisation d’une forme originale de coopération pour l’habitat social et écologique, en vue de la répliquer.

L’ASSOCIATION LOCA COMMUNIA

L’association Loca Communia a été constituée pour recevoir la maison d’habitation, en assurer la réhabilitation et par la suite la mise en bail social. Un contrat de mise à disposition à titre gratuit a été signé avec le propriétaire pour une durée de 10 ans reconductible.
Elle assure également le financement des travaux : prêt sans intérêt consentis par ses adhérents, dons du public (que nous travaillons à rendre déductible), subvention des pouvoirs publics pour l’amélioration thermique.

Comme l’ambition partagée par tous, propriétaire compris, a toujours été que cette opération de réhabilitation écologique à vocation sociale demeure totalement dénuée de visée économique, les prêts et dons reçus pour financer les travaux, ainsi que le loyer social par la suite, ont pour seule vocation que de couvrir les frais engagés pour les travaux, soit les matériaux, les formateurs, les frais de fonctionnement du chantier. Aucun salaire, aucun dividende, aucune plus value.
Aussi dispose-t-elle d’une clause qui lui garantit à terme de récupérer le produit de la plus-value issue des travaux réalisés, fruits de l’activité de ses membres et des participants aux chantiers, afin de financer d’autres opérations similaires et éviter tout enrichissement du propriétaire.

Organisée comme une coopérative, elle réserve enfin une place dans son conseil d’administration aux futurs habitants pour qu’ils puissent participer aux décisions relatives à la gestion de la maison et est ouverte à toutes personnes désireuses de s’investir dans ce projet.

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